samedi 22 janvier 2011

Se distraire à en mourir, Neil Postman aux Éditions Nova, 2010


Ce livre est paru en 1985 en anglais (américain) et en 1886 en français, c'est donc une réédition des Editions Nova, 18 €.

L'objet de Postman est de savoir qui de Orwell ou Huxley avait vu juste : vivons nous dans le monde de 1984 ou de Brave New World ? Postman penche pour la version de Huxley et c'est ce qu'il cherche à nous démontrer c'est que la télévision est un fléau !

Il y a des chapitres très intéressants, voir passionnants. Ainsi, dans le troisième chapitre on apprend énormément de choses sur les livres à l'époque des colons, par exemple que : "entre 1640 et 1700, le taux d'alphabétisation dans le Massachusetts et le Connecticut de situaient entre 89 et 95 %" et que "à partir de 1650, presque toutes les villes de Nouvelles-Angleterre passèrent des lois obligeant à la création d'écoles pour apprendre "à lire et écrire"". On apprend également qu'il existait des bibliothèques pour les ouvriers. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ayant la même langue, ayant de bons rapports, la littérature britannique a donc nourrit ces colons. Il a fallu attendre la fin du dix-septième siècle pour voir apparaître les début de la littérature américaine. Voilà comment il définit cette époque :  "le livre était tout. Il n'y a avait ni films à voir, ni radio à écouter, ni exposition de photos à regarder, ni disque à passer. Il n'y avait pas de télévision. Toute l'activité publique était canalisée dans le livre et s'exprimait à travers lui".

Dans le quatrième chapitre intitulé "L'esprit typographique", Postman revient sur la capacités que les hommes avaient pour faire de longs discours (des phrases longues et complexes pendant plus de sept heures) mais il souligne surtout la capacité d'écoute, de compréhension de l'auditoire. Il a choisi de prendre pour exemple les débats entre Lincoln et Douglas dans les années 1850. Il souligne la qualité des orateurs qui utilisaient des nombreux procédés rhétoriques : sarcasme, ironie, paradoxes, métaphores... Il décrit ces débats qui se passaient dans une ambiance de fête : orchestre, vendeurs, possibilité de boire de l'alcool... et ou l'auditoire n'attendait rien, il était là  pour "le plaisir de la langue". Bien entendu Postman souligne que tout était écrit à l'avance, c'était donc pour lui "l'expression d'une idée réfléchi", le langage étant "un instrument qui guide la pensée". Tout ça pour dire que les hommes pouvaient prendre du bon temps sans image, tout en entendant un langage complexe. 

Il choisi ensuite de prendre l'exemple de la publicité. J'avoue avoir adoré ce passage, l'évolution du contenu du texte dans la publicité est très intéressante, en voici un petit exemple : 
"Alors que de nombreuses personnes ont le malheur de perdre leurs Dents de Devant par Accident ou autrement, à leur grand Détriment non seulement Esthétique mais aussi quand elles Parlent en Public et en Privé : - Ceci est pour informer ces gens qu'ils peuvent remplacer par de Fausses qui ressemblent tout à fait aux Naturelles et apportent à ceux qui ne Parlaient quasiment plus, par PAUL REVERE, Goldsmith, assistant du Dr Clarke, Boston.". 
Oui, la publicité, il fût un temps, était une entreprise sérieuse et rationnelle qui devait véhiculer l'information : mais l'image et les slogans en ont décidé autrement !

Puis, il attaque le télégraphe qui a selon lui "fait de l'information une marchandise". Vient le tour des journaux avec les "nouvelles du jour" (accidents, incendies, inondations...), de la radio... enfin de la télévision.

Bon, je pense que vous l'avez compris, ce livre est génial. Je ne vous raconte pas la suite, allez plutôt la découvrir.

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